MAOLEN INFO N°125 vient de paraitre !
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La guerre d’Indochine a commencé le 19 décembre 1946 par un coup de force des troupes communistes vietnamiennes (appelées Viet Minh à l’époque) contre le Corps Expéditionnaire Français dans tout le territoire du Viêt Nam.
La situation politico-militaire a débouché alors sur la création de 2 Viêt Nam, le Nationaliste allié à la France et plus tard aux Etats-Unis, le Communiste dirigé dune main de fer par le Parti et soutenu par le bloc communiste dont l’URSS et la Chine.
En 1949, après la victoire totale de Mao Tse Tung sur les Nationalistes chinois, la Chine communiste partageant la même frontière avec l’Indochine, est devenue une formidable base arrière pour le Viêt Minh qui commence à aligner des divisions régulières dès 1950.
Octobre 1950 : Désastre de la RC4 : le Corps Expéditionnaire Français en EO perd en l’espace de trois semaines l’équivalent de 8 bataillons dont 2 paras (1er BEP et 3è BCCP). Dans la foulée, la ville frontière de Lang Son est évacuée sans combat, laissant à l’ennemi un stock énorme de carburant, d’armement et de munitions.
Un vent de panique souffle sur le pays. Le général de Lattre de Tassigny nommé Haut Commissaire et Commandant en Chef le 6 décembre 1950, débarque à Hanoi le 19 décembre.
Par son charisme et son sens du commandement, il arrête de justesse à Vinh Yên aux portes de Hanoi (13-17 janvier 1951) l’armée de Giap galvanisée par sa récente victoire sur la RC4,.
Puis ce sont ses victoires de Dông Triêu (23 -30 mars 1951) et du Day ou bataille du riz (mai-juin 1951). Après quoi le 14 novembre 1951 il lance ses paras sur Hoà Binh, capitale du pays Muong et carrefour vital de communications pour le VM..
Dans le même temps, de Lattre entreprend de développer l’Armée Nationale Vietnamienne afin qu’elle puisse prendre progressivement la relève du Corps Expéditionnaire.
Le Commandant en Chef veut aussi développer et créer davantage d’unités d’intervention comme les bataillons de Parachutistes et de Légionnaires, et ordonne le « jaunissement » de toutes ces unités, c’est-à-dire l’incorporation massive de Vietnamiens.
C’est ainsi que lors de l’opération « Castor » (20 au 22 novembre 1953), les bataillons paras suivant sautent sur DBP avec comme effectifs (Métropolitains / Vietnamiens) :
6è BPC (commandant Bigeard) : 651 / 200 Vietnamiens
II/1er RCP (commandant Bréchignac) : 569 / 400 Vietnamiens
1er BPC (commandant Souquet) : 722 / 413 Vietnamiens
1er BEP (commandant Liesenfeld) : 654 / 336 Vietnamiens
8è BPC (capitaine Tourret) : 2 compagnies de Vietnamiens
5è BPVN (capitaine Bouvery) : 700 / 585 Vietnamiens
. De Lattre a ainsi réalisé la « Vietnamisation » avant l’heure.
Ainsi 550 Officiers et 3200 Sous-Officiers français ont été « Vietnamisés », c’est-à-dire détachés pour servir comme cadres dans les unités vietnamiennes nouvellement levées . Ils sont regroupés, administrativement, dans la Commission Militaire près le Gouvernement Vietnamien, dirigée par le général Spilman Parallèlement le Général en Chef ordonne la création de Bataillons Parachutistes Vietnamiens :
1/ Le 1er BPVN voit le jour le 1-8-51 par utilisation des 2 compagnies parachutistes vietnamiennes existantes et de parachutistes autochtones fournis par le 1er BPC.
2/ Le 3è BPVN est créé le 1-9-52 par transfert du 10è BPCP dissous la veille le 31-8-1952
3/ Le 5è BPVN est créé le 1-9-1953 à partir du 3è BPC. A cette date, les Métropolitains du 3è BPC qui n’ont pas encore terminé leur temps de séjour en Indochine, continuent à servir dans les rangs du nouveau 5è BPVN, lequel aura le plus fort contingent d’Européens parmi les BPVN existants au moment de Dien Bien Phu, soit 17 officiers, 74 Sous/officies et 45 Hommes de Troupe !
4/ Le 7è BPVN est également créé le 1-9-1953 avec les cadres européens d’un Bataillon Kmer dissous.
5/ Le 6è BPVN, première unité à encadrement entièrement vietnamien est mis sur pied le
1-3-1954.

Beaucoup de récits ont été écrits sur Diên Biên Phu et ses défenseurs, en particulier les 6 bataillons de parachutistes qui ont constitué jusqu’au bout le principal corps de bataille.
On ne le dit pas assez, mais près de 50% de la garnison de DBP étaient des Indochinois (si on veut bien compter les 2400 PIM (2) qui ont payer un lourd tribut dans la bataille).
Sur les milliers de parachutistes qui ont laissé leur vie à Diên Biên Phu et ensuite dans les camps d’extermination Viet Minh , une bonne moitié était vietnamienne.
Le 5è BPVN quant à lui, a perdu la quasi-totalité de son effectif,
Je me bornerais à parler du 5è BPVN. dans ce haut fait d’armes des Paras.
Le matin du 20 novembre 1953, l’opération « Castor » est déclenchée avec le largage de 3 bataillons (6è BPC, II/1er RCP, 1er BPC) suivi de 2 autres (1er BEP, 8è BPC) le 21.
Le 22 novembre dans la matinée, le 5è BPVN du capitaine Bouvery. fort de 700 hommes, saute en dernier sur la DZ Natacha.
Après regroupement l’effectif opérationnel du 5è “baouan” est de 114 Européens et 585 Vietnamiens (un 2è Classe européen de la CCB dont le parachute s’est mis en torche s’écrase au sol.
Il est enterré au cimetière de Dien Bien Phu).
Le 11 décembre, le 5è participe à une opération sur la piste de Lai Châu au nord de Diên Biên Phu, de concert avec le 1er BEP et le 8è BPC.
Il est sévèrement accroché le 13 décembre, l’engagement est dur au milieu d’une brousse qui prend feu. Ses pertes se montent à 25 tués dont 7 Européens et une cinquantaine de ‘blessés sans que le BEP puisse intervenir.
Le 16 le bataillon rentre à Diên Biên Phu et occupe le PA Anne-Marie. D’après un officier de ma connaissance qui a vécu cet engagement de près, aucun autre commandant de bataillon n’aurait fait mieux que le capitaine Bouvery, mais celui-ci est quand même révoqué par le colonel Langlais.
Le 18 décembre 1953, le capitaine Botella prend le commandement du bataillon ..
Le 25 janvier 1954, avec un effectif de 642 hommes dont 71 Européens, il quitte Diên Biên Phu par air pour rejoindre Hanoi.
Le 13 mars 1954 à 17 heures 15, l’ensemble du camp retranché subit un barrage d’artillerie d’une rare violence.
Toutes les mesures de contrebatterie apparaissent inefficaces.
Sur Béatrice, le 3e bataillon de la 13e DBLE disparaît sous un déluge de feu. Au bout de deux heures de bombardement, l’assaut est mené par deux régiments de la division 312.
Malgré des pertes énormes, les bo doïs poursuivent leurs attaques, poussés par leurs officiers et les commissaires politiques. Vers 3 heures du matin, ils sont maîtres de la position.
Le matin du 14, les chasseurs-bombardiers Bearcats qui n’ont pas été détruits sur la piste d’atterrissage, quittent Diên Biên Phu en catastrophe. Désormais l’appui aérien ne peut provenir que des bases du delta, distantes de 300 km
Le matin de la même journée à Hanoi, le 5è BPVN est mis en alerte aéroportée et revient à Diên Biên Phu dans l’après-midi du 14-3-54.
Les premières vagues sont prises à partie par un vif harcèlement de 105 à leur arrivée au sol, le reste du bataillon doit être largué sur des DZ de secours près du PA Isabelle à l’autre bout méridional du camp retranché.
Le regroupement est terminé vers 18 heures et le 5è BPVN reçoit l’ordre de défendre le PA Eliane 4.
Le deuxième objectif de l’ennemi est le PA Gabrielle défendant le terrain d’aviation et tenu par le 5e bataillon du 7e RTA dont les blockhaus sont réputés être les plus solides du camp retranché.
A 21:00 du 14, l’ennemi attaque Gabrielle et lance une action de diversion sur Eliane et se heurte au 5è BPVN.
Après deux heures de préparation d’artillerie, les troupes communistes montent à l’assaut de Gabrielle sans succès.
En quelques heures la division 308 est saignée à blanc. Vers 03 :00, le régiment 165 de la division 312, qui n’a pas été engagé sur Béatrice, prend la relève. Lentement les défenseurs sont submergés.
Le 15 mars à 07 :00, contre toute attente, le 5è BPVN reçoit l’ordre de contre-attaquer pour reprendre Gabrielle.
Cet ordre vient du colonel Langlais, très entier de caractère, qui a même déclaré auparavant que si on lui envoyait un bataillon d’autochtones, il les désarmerait et en ferait des coolies !
Au moment où Gabrielle allait tomber, Langlais disposait déjà sur place de 2 bataillons paras « frais », les 1er BEP et 8è BPC, qui ont déjà fait les jours précédents des exercices de contre-attaque avec appuis de blindés au profit des points d’appui.
Malgré l’étonnement et les protestations des chefs de corps concernés, c’est le 5è BPVN malmené par l’artillerie adverse à l’arrivée au sol, encore fatigué par le saut et le regroupement, et n’ayant pas encore reconnu le terrain, qui est désigné pour reconquérir Gabrielle.
Toujours d’après quelques anciens, il aurait fallu un « Bigeard » ou une autre forte tête à la tête du 5è pour présenter ces arguments à Langlais et résister à cet ordre suicidaire.
A 07 :15, le bataillon se portant sur la piste Pavie, est pris à partie à hauteur de Claudine I par un violent tir de barrage de 105. Il traverse ainsi sous le feu la moitié du camp retranché et vient se placer derrière deux compagnies de Légionnaires du 1er BEP (seule concession du colonel Langlais) qui progressent dans le sillage des chars M24.
La contre-attaque atteint le gué de Ban Khê Phat, mais à ce moment, après quelques coups de réglage, un violent tir d’artillerie s’abat sur les parachutistes.
La moitié environ du bataillon franchit le barrage, mais un lieutenant vietnamien panique et abrite sa section sur place, bloquant le passage aux 2 compagnies qui suivent.
A 08 :00, ceux du 5è BPVN qui ont pu passer avec les éléments du 1er BEP et les chars, atteignent les premières pentes de Gabrielle. Un bataillon VM se dévoile.
Le commandant de Seguin-Pazzis qui commande l’opération rend compte que le 5è ne suit pas et demande du renfort pour réoccuper le point d’appui. Mais pour le PC, il ne s’agit plus que de récupérer les survivants du point d’appui.
A 08 :30, ceux-ci rejoignent les chars qui sont aussi cloués au sol. A 08 :45, le 1er BEP qui a subi de lourdes pertes par l’artillerie ennemie, reçoit l’ordre de se replier.
Le 5è BPVN installé au Radier protège le mouvement. A cet instant critique, toujours selon des amis anciens du 5, si l’armée VM était douée d’initiative, elle aurait pu talonner les paras en pleine retraite et menacer directement le PC GONO Claudine !.
Pour les hommes du 5, l’heure de la sanction sonne, bien qu’ils ne soient pas entièrement responsables de l’échec de cette opération mal conçue. (Les officiers du 1er BEP seront toujours persuadés que si Langlais avait engagé leur bataillon dans son ensemble, Gabrielle pouvait être sauvé).
Le lieutenant Pham van Phu commandant la 2è compagnie du 5, propose de fusiller deux de ses chefs de section qui n’ont pas été à la hauteur, mais le commandant Botella se contente de les dégrader et d’exclure de son bataillon tous ceux qui ne se sont pas conduits irréprochablement (Pham van Phu se suicidera en tant que général commandant le 2è Corps d’Armée Sud-Vietnamien, lors de la chute de Saigon).
Jusqu’à la chute du camp retranché, le 5è BPVN comme toutes les autres unités d’intervention, sera constamment sur la brèche pour contenir les attaques ennemies, contre-attaquer et réoccuper les positions perdues.
C’est surtout à l’échelon compagnie qu’il intervient souvent sur les PA Dominique, Eliane et Huguette. Le 27 mars, le bataillon est chargé de la mission principale d’une opération pour dégager Huguette 6, il nettoie 2 tranchées VM et refoule l’ennemi jusqu’au nord du Radier.
Le 1er avril, en raison des pertes subies, le 5è BPVN est réorganisé à 3 compagnies réduites. Les derniers jours voient ce qui reste du bataillon résister sur les Elianes.
A 10 :30 du 7 mai, une dernière poussée VM submerge Eliane 4 défendue par une douzaine de « baouwans » encore valides.
Un caporal ayant ensuite servi sous mes ordres m’a décrit les conditions dantesques des derniers jours : abruti par le manque de sommeil, on ne savait même plus si c’était le jour ou la nuit tant la fumée des explosions obscurcissait le ciel, constamment tenaillé par la faim et la soif car la corvée des PIM n’arrivait presque plus, le nombre des copains qui s’amenuisait, l’odeur pestilentielle des centaines de cadavres…
A partir du 14 mars, date de son retour à Diên Biên Phu, et jusqu’à la fin le 7 mai 1954, le 5è BPVN aura perdu (tués et disparus) 709 hommes, se répartissant ainsi :
1/ 25 officiers dont 13 Vietnamiens et 12 Européens
2/ 91 sous-officiers dont 49 Vietnamiens et 42 Européens
3/ 593 hommes de troupe dont 567 Vietnamiens et 26 Européens
Comme les autres bataillons parachutistes de Diên Biên Phu , le 5è BPVN est décoré de la Croix de guerre des TOE avec palme. Il na pas démérité.
La Guerre d’Indochine qui s’est terminée tragiquement par la bataille de Diên Biên Phu en mai 1954, a été l’âge dor des opérations aéroportées (on a compté quelques 150 allant du largage dune compagnie à celui dun GAP de 2 à 3 bataillons).
La deuxième Guerre d’Indochine ou Guerre du Viêt Nam faussement appelée « guerre américaine », a commencé peu après le départ du Corps Expéditionnaire Français en 1956 et sest terminée par la chute de Saigon le 30 avril 1975.
L’engagement massif des troupes US a commencé en 1965, lesquelles se sont retirées complètement en 1972 en y laissant seulement des conseillers et une aide matérielle. Les Sud Vietnamiens se sont battus avant, pendant et après leur départ, dépendant entièrement de laide américaine et soumis à des conditions politiques et matérielles qui empêchent toute issue victorieuse.
La progression de l’intensité des combats a poussé le Haut Commandement Vietnamien à développer le Corps des parachutistes par la création d’autres unités :
1/ Le 8è BPVN fut créé le 1-12-1961
2/ Le 2è BPVN le 1-12-1964
3/ Le 9è BPVN le 1-12-1965
4/ Le 11è BPVN le 19-6-1967
5/ Les 12è,14è et 15è BPVN fin 1974
En 1975 la Division Aéroportée SVN verra son effectif porté à 14 000 hommes, répartis en 4 brigades composées chacune de 3 bataillons de paras, 1 bataillon d’artillerie héliportée à 18 tubes de 105, 1 compagnie de commandos, 1 compagnie du Génie, 1 compagnie de Transmissions, 1 compagnie médicale avec capacité d’Antenne Chirurgicale Parachutable.
Le service médical divisionnaire comprend ainsi : 1 médecin par bataillon, 2 médecins 1 pharmacien et 1 officier d’administration par compagnie médicale attachée à chaque brigade, 1 hôpital de 100 lits à la base arrière de Tân Son Nhât avec capacités médico-chirurgicales générales ainsi qu’une maternité de 12 lits pour les familles.
Enfin signalons le Centre d’entretien et de pliage des parachutes hérité du Corps Expéditionnaire et fonctionnant parfaitement jusqu’à la fin avec un détachement d’auxiliaires féminines compétentes.
Les parachutes utilisés étaient au début des T7 (voilure d’abord, mouture 2è guerre mondiale, avec fréquentes torches) puis des T10 américains (suspentes d’abord, plus fiables), avec un court intermède en 1955-56 de TAP660 français (également suspentes d’abord).
Les paras vietnamiens, comme leurs camarades français davant 1954, étaient le fer de lance de toutes les grandes campagnes de la guerre du Viêt Nam et jouaient également les « pompiers » partout où cela allait mal.
Ils ont hérité de leurs frères d’arme français un farouche esprit de corps teinté dun petit complexe de supériorité, un courage au feu certain car « noblesse oblige ».
Comme leurs camarades français, ils sont les seuls au monde à porter le béret rouge tiré à gauche, et non à droite comme les paras des autres pays. Leur Saint Patron est aussi Saint Michel, consacré solennellement Patron des Paras le 13 Juin 1948 à la Cathédrale de Hanoi par les Paras Français et A!!iés !
Jusqu’aux dernières semaines de la guerre, la Division Aéroportée SVN n’a jamais manqué de volontaires.
Les derniers en date, quoiqu’animés de l’esprit para, sont allés au feu sans être brevetés car le temps et les moyens ont manqué.
Il faudrait des pages et des pages pour relater les faits d’armes des Paras Sud-Vietnamiens, leurs sacrifices et leurs pertes.
Je me contenterais de dresser schématiquement un tableau chronologique du déroulement du conflit où ils ont joué un rôle important sinon principal :
1/ Période préparatoire et de pourrissement (1957-1960) : après une courte période de stabilité (1955-57), le Sud grâce à sa jeune armée voulue et créée à ses débuts par le général De Lattre, a pu instaurer une paix relative sur son territoire et surtout acheter du temps pour faire face à l’agression prévisible menée par le Nord.
2/ L’escalade de la guerre (1961-1964) Au mois de septembre 1961 à Hanoi, le Bureau Politique du PCV arrête les plans pour un conflit armé dans le Sud pour les futures années 1961-1964. Pour cela, des troupes régulières parfaitement entraînées vont être régulièrement acheminées par la piste HCM, Les activités de guérilla allant crescendo avec le temps et l’aide apportée par la Chine, l’URSS et autres pays du bloc communiste, pour finir par des batailles rangées de l’importance du bataillon en 1964, puis du régiment en 1965.
3/ La guerre totale avec l’engagement américain (1965-1968) et la présence de divisions Nord Vietnamienes appuyées par des blindés et l’artillerie lourde. Obligé de se défendre, le Sud Viêt Nam a du mobiliser et augmenter progressivement son armée jusqu’à 1 million d’hommes, chiffre énorme pour un si petit pays !
4/ Continuation de la guerre et le désengagement américain (1969-1972)
5/ Le lâchage américain pudiquement appelé « Vietnamisation », le Sud-ViêtNam mène seul une guerre de pauvres (1973-1975) face au Nord de plus en plus puissant grâce à l’aide in conditionnelle des pays du bloc communiste.
6/ La chute de Saigon le 30-4-1975
Limité par le contenu de ces pages, voici quelques épisodes de combat qui, à mon avis, ont marqué ce conflit et auxquelles j’ai participé de près ou de loin (sauf les deux derniẻres campagnes 8 et 9) comme médecin parachutiste pendant 13 ans Ce sont :
1/ Les batailles de Âp Bac en janvier 1963 (défaite) et janvier 1965 (grande victoire !)
2/ L’offensive d’hiver 1964-65
3/ La bataille de la vallée du Ia Drang en novembre 1965
4/ La bataille des Hauts Plateaux en novembre 1967
5/ Campagne du Têt 1968 et la bataille de Khe Sanh
6/ Attaque et Destruction des Unités Nord VN stationnées au Cambodge en mai 1970
7/ L’opération Lam Son 719 au Laos en janvier 1971
8/ L’offensive de l’été 1972 surnommée « l’Eté en feu » J’étais à l”Ecole d’Etat-Major aux Etats-Unis.
9/ La campagne finale de 1975. J’étais directeur de l’Ecole de Santé Militaire.
.
(2)PIM (Prisonniers Internés Militaires), ont le statut de prisonnier de guerre. Très peu désertent chez les troupes communistes durant la bataille.
Dr HOANG CO LAN
-Diplômé de la Faculté de Médecine de Saigon (1957)
-Breveté parachutiste militaire français BP 99115 (1955)
-Médecin Chef de la Division Aéroportée Sud Vietnamienne.
A servi 13 ans (1957-1970) dans les paras, dont 4 comme médecin de bataillon
-Commandant le Service de Santé de lArmée de Terre du Sud VN
-Breveté d’ Etat Major US du Command & General Staff College de Fort Leavenworth, Kansas (Promotion 1971-1972)
-Directeur de l’Ecole du Service de Santé des Forces Armées du Sud Viêt Nam (1972-1975)
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LES PARAS SUD-VIETNAMIENS AU COMBAT (1951-1975) Lire la suite »

A l’occasion du 8 juin 2024 marquant la journée nationale d’hommage aux morts pour la France, l’ANAPI Ile de France a participé à une cérémonie au monument aux morts d’Evry (91), en présence de Madame la préfète de l’Essonne, du vice-Président du conseil départemental et de l’adjoint au maire d’Evry en charge des actions mémorielles.

L’étendard du 10ème RAC (présent sur Isabelle à Dien Bien Phu), confié désormais au 2ème RSMV, était également présent avec sa garde et un piquet d’honneur.

Douze drapeaux d’association étaient présents parmi lesquels figuraient ceux de l’ANAPI et de l’ARC Dien Bien Phu.

Le discours prononcé par le président IdF de l’ANAPI (voir ci-dessous) est venu souligner qu’en cette journée d’hommage aux morts pour la France en Indochine se trouvaient de nombreux prisonniers morts dans les camps de rééducation du Viêt-minh dans l’indifférence générale.

Une gerbe commune ANAPI-ARC Dien Bien Phu a ensuite été déposée par Pierre Flamen, accompagné du secrétaire général de nos deux associations.

En fin d’après-midi, le même dispositif ANAPI-ARC Dien Bien Phu s’est déplacé place de l’Etoile, sous l’Arc de Triomphe pour clôturer cette journée mémorielle.

A cette occasion, une gerbe commune ANAPI et ARC Dien Bien Phu a de nouveau été déposée par Madame Chauvet, veuve du colonel Gabriel Chauvet dit “big boy” (lieutenant au 1er BEP lors des combats de la RC4 et rescapé du camp n°1).

Discours du Président de l’ANAPI IDF :
Le 21 juillet 1954, la guerre d’Indochine prenait fin. Une guerre cruelle, une guerre lointaine, à la fois ignorée et incomprise des Français de l’époque.
Cette fin tragique fut alors pour le Viêt-Minh, l’heure d’une incroyable victoire, elle fut pour nous, Français, celle d’une impensable défaite.
Subitement, les liens tissés pendant près d’un siècle entre notre pays et l’Indochine et plus particulièrement le Vietnam se trouvaient rompus, la France s’engageant dans une nouvelle tragédie en Algérie, le nord-Vietnam s’apprêtant quant à lui à une nouvelle guerre interminable avec le sud-Vietnam et les Etats-Unis. C’était il y a 70 ans.
Mais quelle folie, quels vertiges avaient pu pousser nos gouvernants de l’après-guerre à envoyer un corps expéditionnaire à l’autre bout du monde ?
Accusés d’être engagés dans une guerre coloniale alors qu’il s’agissait d’un combat pour la liberté, celle des Vietnamiens, face au péril communiste dans un contexte de guerre froide, nos combattants ont eu bien souvent, trop longtemps, le sentiment d’y être oubliés, puis abandonnés par ceux qui les avaient envoyés se battre à plus de 12 000 km de la métropole.
Affrontant un ennemi pugnace et résiliant qui selon les propres mots du Maréchal de Lattre « se battait bien pour une cause mauvaise », nos soldats du Corps expéditionnaire (métropolitains, légionnaires, africains, nord-africains et indochinois) se sont battus au côté de l’armée vietnamienne avec générosité et abnégation, jusqu’au sacrifice suprême : au total, plus de 100 000 d’entre eux l’ont payé de leur vie. En ce jour, nous leur rendons hommage mais il est sans doute nécessaire d’aller plus loin dans notre devoir de mémoire.
Le 15 octobre 1954, les derniers prisonniers libérés par le Viêt-Minh sont embarqués par la marine française à Sam Son. Dès lors, un macabre décompte permet de mesurer l’étendue de la tragédie qui s’est jouée dans les camps de prisonniers : 40 879 prisonniers, des armées française et vietnamienne manquent alors à l’appel… disparus sans laisser de trace, disparus dans la nuit sur des pistes sans fin, disparus dans les camps de la mort lente, sans espoir et dans un total dénuement … finalement disparus de nos mémoires !
Si mourir au combat est une éventualité que le soldat accepte, sans état d’âmes, dans l’accomplissement de sa mission, pour l’honneur et le respect de ses engagements, mourir en captivité du fait d’un geôlier ignorant obstinément les conventions de Genève et refusant tout soutien de la croix rouge, l’est beaucoup moins.
… car dans les camps de rééducation du Viêt-Minh, on meurt, on meurt même beaucoup mais encore faut-il mourir converti, broyé par un véritable lavage de cerveau inhumain, au nom de l’idéologie marxiste. Cette idéologie mortifère, appliquée aveuglément et sans scrupule, devient une seconde prison dans la prison, amenant peu à peu la désintégration des êtres et leur lente élimination. Par cette ignominie, le Viêt-Minh a entaché à tout jamais sa victoire face au tribunal de l’Histoire.
Aujourd’hui, l’histoire de cette guerre et encore plus de cette tragédie n’est pas seulement méconnue, mais tout simplement ignorée. Et nous le savons bien, l’ignorance est le plus grand des mépris.
En cette journée nationale d’hommage aux “morts pour le France” en Indochine, à la mémoire de ces combattants, associons celle de ces prisonniers, disparus sans laisser de traces, abandonnés sans sépulture en terre indochinoise, terre qu’ils ont tant aimée et à laquelle ils sont désormais à tout jamais amalgamés.
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Le 28 mai 2024, le 2ème Régiment du Service Militaire Volontaire (RSMV) a été le cadre d’une conférence sur “l’agonie des prisonniers du CEFEO dans les camps du Viêt-Minh” devant une centaine de personnes, incluant les cadres, le personnel civil et les volontaires de l’unité.
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Le 07 mai 2024, l’ANAPI a rendu un vibrant hommage aux combattants de Dien Bien Phu à l’occasion du 70ème anniversaire marquant la fin des combats de cette terrible bataille.
Une première cérémonie a ainsi été organisée dans la matinée à Nogent sur Marne, autour de son monument aux morts rassemblant environ 150 personnes.
Une seconde cérémonie est venue clôturer dans la soirée sous l’Arc de triomphe cette séquence mémorielle.
Nogent sur Marne :

Outre un piquet d’honneur fourni par le Groupement de Recrutement de la Légion étrangère (GRLE) du Fort de Nogent aux ordres du Lieutenant-Colonel EYCKMAYER, un peloton en arme du groupement de gendarmerie mobile de Maisons-Alfort était également présent, marquant de façon symbolique la présence de gendarmes lors de cette terrible bataille.


De nombreuses personnalités étaient présentes, parmi eux les élus de la ville et du département, le général de brigade de gendarmerie Jean-François VOILLOT, le CGA Philippe de MALEISSYE, président de l’ANAPI et son secrétaire général Eric FORNAL.

Dans la foule se trouvaient de nombreux anciens combattants et leur famille.
Parmi ces dernières se trouvait la petite fille de Lazare PONTICELLI, dernier poilu de la guerre de 14-18 (décédé en 2008) et de Madame Doïna GNIEWEK, veuve du lieutenant honoraire François GIEWEK, ancien combattant de Dien Bien Phu.

Dans un vibrant discours Monsieur Thierry MORVAN, adjoint au maire de Nogent-sur-Marne a retracé le sacrifice des combattants de cette bataille et a mis en avant trois grands anciens d’Indochine présents à cette cérémonie : le Major Pierre FLAMEN (photo ci-dessus), blessé et fait prisonnier à la chute de Dien Bien Phu, le Colonel médecin Hoang Co Lan, ancien du 2ème BEP et enfin le Colonel Tran Dinh Vy (photo ci-dessous), ancien membre du Commando 24 « Tigre Noir », compagnon d’arme de Roger VANDENBERGHE.

La prise de parole de Monsieur Thierry MORVAN s’est achevé par la lecture d’un poème d’un auteur anonyme sur Dien Bien Phu :
C’était un coin du monde, en Asie, loin de tout
Encadré de montagnes, hérissé de bambous
Au fond d’une cuvette, parsemée de collines
Et tout autour creusées de profondes ravines.
Pitons nus, baptisés Dominique, Isabelle,
Huguette, Anne-Marie, Éliane et Gabrielle
Et aussi Béatrice, noms de filles ou de femmes
Points d’appuis qui un jour, furent couronnés de flammes.
Théâtre de batailles furieuses et sans pitié
Ou sont ensevelis des soldats sacrifiés
Vietnamiens francophiles, sapeurs et légionnaires
Fantassins, artilleurs et paras légendaires.
Combattants sans reproche, de par le sang versé
Pour l’honneur de la France et pour la liberté
Cette terre étrangère, si lointaine pour vous
Cette vallée sanglante s’appelait “Dien Bien Phu”



Un repas s’est ensuite déroulé au sein du Fort de Nogent (GRLE).


Arc-de-Triomphe
Cette séquence mémorielle s’est achevée par un dépôt de Gerbe sous l’Arc-de-Triomphe et le ravivage de la Flamme.

Arrivée de la délégation ANAPI à l’ARC D, conduite par Madame VERDIER-JOUCLAS, Directrice Générale de l’ONaCVG


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La section UNP Haute Somme organise une cérémonie au mémorial AFN INDOCHINE, rue Jules Verne à Péronne, le :
SAMEDI 1er juin 2024
10H30 mise en place, ACCUEIL
11H CEREMONIE :
Accueil des personnalités, montée des couleurs, bénédiction du monument, allocution, prière du para, dépôt de gerbes, sonnerie aux Morts, marseillaise, remerciements.
12h APERITIF DEJEUNATOIRE AU CAMPING « le Brochet » ***
13h30 ACCUEIL A L’HISTORIAL DE LA GRANDE GUERRE
Présentation du film documentaire « le sacrifice », Philippe DELARBRE, cinéaste-réalisateur, suivi d’un débat avec l’exceptionnel Pierre FLAMEN, rescapé de la bataille de DIEN BIEN PHU, grand officier de la Légion d’Honneur.
***réponse souhaitée pour le 10 mai
Contact : jeanpierre.pierrard@wanadoo.fr
Tel.06 44 80 17 24
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Par le LCL (er) Philippe CHASSERAIUD, vice-président ANAPI île de France.
Le samedi 4 mai 2024, une visioconférence évoquant le sort tragique des prisonniers dans les camps du Viêt-minh entre 1945 et 1954 a été prononcée par Philippe Chasseriaud, président IdF de l’ANAPI.
Intégrée au cycle de conférences du réseau Monsieur Légionnaire et de l’Association des Anciens Combattants de la Légion Étrangère (AACLE), celle-ci a été suivie par 10 381 auditeurs et retransmise dans 11 autres pays : Grèce, Espagne, Allemagne, Belgique, Burkina, Guinée-Conakry, Gabon, Singapour, Japon, Vietnam, Etats-Unis.
A cette occasion, les points suivants
Le samedi 4 mai 2024, une visioconférence évoquant le sort tragique des prisonniers dans les camps du Viêt-minh entre 1945 et 1954 a été prononcée par Philippe Chasseriaud, président IdF de l’ANAPI.
Intégrée au cycle de conférences du réseau Monsieur Légionnaire et de l’Association des Anciens Combattants de la Légion Étrangère (AACLE), celle-ci a été suivie par 10 381 auditeurs et retransmise dans 11 autres pays : Grèce, Espagne, Allemagne, Belgique, Burkina, Guinée-Conakry, Gabon, Singapour, Japon, Vietnam, Etats-Unis.
A cette occasion, les points suivants ont été abordés :
– l’évolution du statut du prisonnier et son endoctrinement idéologique par le Viêt-minh
– la mise en œuvre des mécanismes d’effraction psychique et de rééducation
– les complicités politiques en France
– la libération des prisonniers : des centres de désintoxication à l’indifférence générale
En conclusion a été évoquée la possibilité que certains prisonniers aient été gardés captifs au Vietnam en dépit des accords de Genève.
ont été abordés :
– l’évolution du statut du prisonnier et son endoctrinement idéologique par le Viêt-minh
– la mise en œuvre des mécanismes d’effraction psychique et de rééducation
– les complicités politiques en France
– la libération des prisonniers : des centres de désintoxication à l’indifférence générale
En conclusion a été évoquée la possibilité que certains prisonniers aient été gardés captifs au Vietnam en dépit des accords de Genève.
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Retranscription de la conférence donnée en 1955 par Monsieur Jacques DOP, à partir de ses souvenirs de lieutenant, arrivé en Indochine en septembre 1950. Muté du 3ème BEP au 1er BEP, il rejoint la 3ème compagnie commandée par le capitaine LOTH. Il a alors 27 ans et fait partie des éléments de la relève du 1er BEP en Indochine.
Messieurs,
Le Colonel MOUZELLE m’a demandé à mon retour d’Indochine où j’ai passé un peu plus de 4 ans, de vous parler de mon séjour et de ce que j’ai pu remarquer et apprendre au cours des combats et de ma petite mésaventure.
Pour moi la période de combat n’a pas duré très longtemps (1 mois et 4 jours), puis ce fut une captivité de 4 années.
Mon expérience des combats est donc très courte. Je suis parti en Indochine avec un bataillon de Légion Etrangère Parachutiste, bataillon spécialement créé en vue des opérations en Indochine. Comme vous le savez, la Légion est une arme d’élite, sûre et solide.
Ce sont tous des engagés d’au moins 5 ans, souvent même des rengagés, donc des hommes rompus à l’art de la guerre et bien entrainés.
Il est donc intéressant d’avoir formé parmi cette troupe des Unités parachutistes. Ce qui permettait en 5 ans d’avoir des Unités parfaitement entrainés à ce genre de combats.
Gros avantage si on les compare aux Bataillons d’appelés Français qui ne font que 18 mois, temps relativement court pour former des combattants spécialisés.
Mon unité, de la valeur d’une Compagnie, fut formée en Algérie et envoyée au Tonkin en aout 1950 pour assurer la relève du 1er BEP.
La relève de ce Bataillon se faisait en effet par tranches et non en bloc, ce qui avait le gros avantage de conserver à l’intérieur de l’Unité des cadres et des hommes ayant déjà une solide habitude du pays et du genre de combats qu’on y mène.
Lorsque que nous arrivâmes au Tonkin, notre Unité était déjà engagée depuis quelques jours dans la zone frontière pour opérer le repli de la R.C 4.
Nous fûmes à titre d’entrainement rapidement utilisés pour effectuer des opérations de police dans le Delta. Mais les évènements se précipitant, nous fûmes consignés et placés en état d’alerte, prêts à intervenir immédiatement.

Le Commandement avait formé un bataillon d’intervention en adjoignant notre Compagnie à des éléments du 3ème Bataillon colonial de commandos parachutistes, unité qui revenait d’opérations et était en fin de séjour, donc assez réduite du point de vue effectif, mais ayant de l’expérience et une connaissance parfaite du Pays.
Lorsque je dis que nous étions prêts à intervenir immédiatement cela veut dire que l’unité au complet pouvait ½ heure après réception de l’ordre décoller du terrain d’aviation avec tout son matériel.
Les préparatifs d’une opération aéroportée sont, à l’échelon Chef de section tout au moins, un ballet bien réglé.
Une fois en état d’alerte les Chefs de section s’assurent de l’effectif disponible, lui font percevoir l’équipement, l’habillement, les chaussures, les vivres de combat, l’armement, les munitions, vérifient minutieusement la confection des sacs.
Il ne faut emporter que le nécessaire, le poids et la place jouant un rôle très important dans les opérations de ce genre. Puis ils vérifient avec non moins de minutie le fonctionnement des armes, la dotation en munitions de chaque homme, le fonctionnement des postes radio et des explosifs.
Ils procèdent à la confection des gaines contenaires et à la répartition par avion et enfin à l’essayage des parachutes.
Une fois toutes ces opérations terminées, l’unité est rassemblée et les faisceaux formés auprès des camions qui doivent nous transporter à la base d’aviation.
Après l’inspection du Commandant d’unité un ou plusieurs exercices d’embarquement dans les véhicules est exécuté.
Les hommes ont alors repos sur place et commence la longue attente de l’ordre de départ, viendra-t-il ne viendra-t-il pas ? En attendant, les paquets de cigarettes s’ouvrent nerveusement et se vident rapidement.
Enfin une estafette arrive avec les ordres, les Officiers sont rassemblés et les ordres sont donnés avec les cartes renseignées et les photos aériennes de la région où l’on va opérer.
Un coup de sifflet est donné, tout le monde embarque et direction le terrain où les avions nous attendent.
C’est ainsi que mon Unité fût engagée le 8 Octobre 1950 pour venir au secours de 9 Bataillons du C.E.F.E.O. commandés par les Colonels Charton et Lepage, en difficultés sur la R.C. 4 après les replis de Cao Bang et Dong Khé.
Notre mission était de tenir Tath Khé pour permettre la récupération des débris de ces deux colonnes et permettre leur repli.
La mission fût remplie mais hélas nous ne devions pas récupérer grand monde. Les journaux de l’époque parlèrent parait-il de désastre. D’un certain point de vue c’en était un, nous avions perdus la zone frontière ; mais le repli était prévu par le Haut Commandement depuis déjà longtemps.
Cette région étant parfaitement intenable par les effectifs mis en ligne à cette époque.
Désastre a-t-on dit du point de vue potentiel humain, c’est inexact puisque tous les bataillons engagés étaient en fin de séjour.
Donc le C.E.F.E.O n’avait pas à en souffrir du point de vue effectif.
Pour en revenir à mon unité, après avoir récupéré les débris des colonnes Lepage et Charton qui avaient succombé sous le nombre des ennemis bien équipés et entrainés dans des camps en Chine et après avoir protégé le repli de Tath Khé, nous devions rejoindre par la route la piste de Nacham via Langson.
Hélas nous devions tomber sur une grosse coupure et une énorme embuscade au lieu-dit Deo Kath. Ma section reçut pour mission d’occuper un piton et de s’y maintenir pour tenir la route et permettre au reste du bataillon d’effectuer une percée ou de contourner la résistance pour rejoindre la route.
Hélas la résistance était trop forte pour nous et les renforts ennemis ne cessaient d’affluer et bientôt tout espoir de culbuter ou de contourner la résistance nous fût interdit, l’appui aérien était insuffisant et inefficace. Dans ce Pays du reste l’aviation ne peut être d’un grand secours.
Il faut connaitre les calcaires de la Haute Région du Tonkin pour s’en faire une idée. Je ne puis mieux comparer cette région qu’à une Baie d’Along terrestre où la mer est remplacée par une végétation luxuriante pour ainsi dire impénétrable d’où émergent des pitons calcaires abrupts couverts également de cette végétation tropicale. Un Pays Dantesque.
Aussi s’enfoncer dans cette région était une solution désespérée, c’était abandonner la route à l’ennemi, c’était pour nous la perspective d’une marche exténuante avec l’impossibilité de ravitaillement en vivres et en munitions.
Ce fût cependant la seule qui s’offrait à nous et je reçus l’ordre de replis que j’exécutais après avoir perdu les ¾ de mon effectif.
Les Viets ayant attaqué furieusement et nous ayant fait subir un tir très ajusté d’armes automatiques : F.M, mitrailleuses légères, lourdes, et mortiers de 81 et ayant effectué plusieurs assauts, arrivant en rangs serrés jusqu’à 15 mètres des F.M nous obligeants par 3 fois à nous dégager à la grenade, laissant de nombreux morts sur le terrain.
Nous dûmes abandonner morts et blessés étant dans l’impossibilité de les transporter.
Ce fût alors pour notre colonne une marche exténuante dans la jungle et les calcaires sous une chaleur torride. Pendant 6 jours nous marchâmes jours et nuit, continuellement harcelés par les Viets.
Rapidement à court de vivres et de munitions, souffrant de la soif et du manque de sommeil, subissant des pertes continuelles dues aux balles ennemies ainsi qu’à la fatigue, c’est l’après-midi du cinquième jour que nous fûmes complétement encerclés et nous dûmes former le carré sur un piton jusqu’à la nuit.
L’ordre fût alors donné de se former par petits éléments pour essayer, à la faveur de la nuit, de s’infiltrer et passer les lignes ennemies.
La manœuvre réussit mais hélas en 6 jours dans la brousse nous n’avions pas fait beaucoup de chemin et les Viets par la route nous avaient largement débordés.
Les postes que nous devions rejoindre étaient déjà entre leurs mains et nos petits éléments peu à peu exténués de fatigue et à bout de force tombèrent entre leur mains.
Voici le bref récit du sacrifice du Ier BEP parut dans un N° de la revue de la Légion Etrangère.
Quant aux prisonniers de guerre, nous nous attendions au pire. Mais les Viets, fiers d’avoir capturé un nombre assez élevé d’hommes, décidèrent de faire des prisonniers.
C’est alors que commence pour nombre d’entre nous une captivité qui devrait durer 4 longues années.
Avant de vous parler de cette période, je voudrais en rassemblant des souvenirs de conversations avec des camarades qui, mieux que moi purent participer à de nombreux combats, ainsi qu’à partir de mon expérience personnelle, tirer les enseignements suivants :
Le gros handicap pour nous troupes d’interventions était :
1- La méconnaissance du Pays, je veux dire des pistes. Le manque de guides, les photos aériennes ne donnant pour ces régions aucun renseignement positif.
2- La lourdeur de nos colonnes qui étaient liées à la route.
3- Ce qui définit le mot « lourdeur » : notre équipement et notre nourriture. Nous avons pu constater en effet que le soldat Viet est beaucoup plus léger.
Son équipement est le suivant :
Sur lui :
– 1 casque léger en feuilles de latanier
– 1 pantalon de cotonnade
– 1 chemise de cotonnade
– Quelques fois un petit flottant qui remplace le slip ou le short
– 1 paire de sandales dont la semelle est taillée dans de vieux pneus d’autos et les lanières faites en vieilles chambres à air. Cette chaussure si j’ose m’exprimer ainsi est la plus pratique et la mieux adaptée que nous ayons pu connaitre et expérimenter.
Dans son sac : tout d’abord le sac est extrêmement léger, en toile kaki contenant :
– Une moustiquaire
– Une petite couverture en duvet
– Une chemise et un pantalon de rechange
– Un maillot de corps
– Souvent un grand carré en nylon imperméable extrêmement léger
– Un quart pour boire, rarement un bidon, pas de gamelle.
Comme nourriture la boule de riz dans un petit sac en toile pour la journée, 1kg 200.
Dans un sac également en toile et en forme de boudin généralement placé autour du corps, 3 à 4 jours de riz cru représentant un poids total de1kg200 à 1kg500, plus une petite réserve de sel, d’environs 15 gr par jour.
Cette nourriture très frugale leur est suffisante pour tenir et offre de très gros avantages.
Pendant 4 ans nous l’avons expérimenté, avec la différence qu’un européen a besoin pour vivre de 800 gr de riz par jour au lieu de 600. Les avantages d’une telle nourriture sont les suivants :
1- Poids minimum
2- Grande digestibilité, aucune lourdeur d’estomac, aucun risque d’insolation due à une digestion pénible suivie de congestions
3- Evite le besoin de boire. 800 gr de riz cru donnant 1kg600 de riz cuit, donc ayant absorbé une énorme quantité d’eau. Nous avons avec ce régime fait des marches de 35 km avec un chargement de 30kg en plein soleil aux mois les plus chauds de l’année.
De cette façon les colonnes sont extrêmement légères, ne sont plus liés à la route et ont une grande autonomie ainsi qu’un rayon d’action étendu.
Évidemment il faudrait que nos troupes s’habituent à ce genre de vie, qui ne peut néanmoins durer trop longtemps, mais au moins pendant le temps des opérations.
De plus l’allégement en équipement, vivres et habillement permettraient une augmentation de la dotation en munitions.
Il m’est difficile à mon échelon de tirer d’autres conclusions et enseignements, ainsi vais-je passer à la 2e partie de ma causerie : la période de captivité.
Depuis que je suis libéré, bien souvent on m’a posé la question : « avez-vous été torturé ? ». Je ne puis que répondre que nous n’avons été l’objet d’aucuns sévices caractérisés ; mais j’ajoute à cela que nous avons été faits, en 1950, 3000 prisonniers et 2 ans après il y avait eu 2200 morts.
Dès notre capture, nous avons étés dépouillé de tous papiers, couteaux, crayons, montres, bijoux, ceinturons, glace, puis après une interminable route attachés les uns aux autres envoyés sur les camps de la frontière de Chine.
Les Officiers furent mis à part dans le même village que la troupe, logés chez l’habitant, faisant notre cuisine nous-même.
Ce régime ne dura que peu de temps et nous fûmes changés de village avec interdiction de faire la cuisine.
Pendant une période d’environs 8 mois nous fûmes séquestrés dans des Kha nha empilés à une quinzaine par pièce. Interdiction de parler aux camarades des chambres voisines sous peine de sanctions qui étaient de plusieurs jours d’étable à buffle.
L’emploi du temps était le suivant :
– Réveil 5 heures (on se demande pourquoi). Nous devions alors nettoyer notre logement, puis appel, un Viet passait dans les chambrées pour nous compter, après ½ heure de baignade dans une petite rivière d’eau croupissante où se baladaient tous les canards du village et Dieu sait s’il y en a dans ce Pays.
Puis nous revenions dans nos chambrées et on attendait la soupe : environs 500gr de riz bouilli à l’eau et une soupe, un plein seau, Oh ! ça il y en avait, un plein seau d’eau, plus ou moins bouillie, dans laquelle nageaient des épluchures de patates douces. Ce maigre repas absorbé nous attendions celui du soir. Nous ne pouvions rien faire d’autre n’ayant ni couteau, ni ficelles, ni papier, ni crayon, ni cartes, rien, absolument rien.
Nos histoires, des uns et des autres, ayant été racontées dans leurs formes romancées puis dans leurs formes revues et corrigées, nous les connaissions par cœur.
Même pas à discuter sur la composition du menu du soir puisque c’était le même que celui du matin ; de la veille et du lendemain.
Aucune nouvelle, pas de lettres, encore moins de colis… traités comme des bêtes, les Viets ne voulaient même pas que nous nous interpellions par nos grades, « vous êtes de ex-Officiers » disaient-ils, mais ils n’obtinrent jamais satisfaction à ce sujet.
Un beau jour, la méthode changea et ce fût l’ère du travail forcé, corvées de bois exténuantes, corvées de riz, à 25 et 30 km du camp, corvées exécutées pieds nus avec 25kg au moins sur le dos et pas grand-chose dans l’estomac.
Nous changions souvent de camp, toujours aussi mal logés, un espace de 50 à 60 cm par homme pour dormir sur un plancher aux planches souvent disjointes.
L’hiver nous souffrions du froid, l’été des moustiques. Puis vint dans le camp un Commissaire politique qui nous fit un grand laïus nous prônant les beautés du régime, voulant nous montrer notre erreur criminelle de combattre pour le camp capitaliste et impérialiste.
Le discours nous fût fait au cours d’une réunion spontanée, c’est-à-dire que nos gardes étaient venus nous chercher dans nos chambrées puis rassemblés colonne par 3 et conduits sous bonne escorte au lieu de réunion, lequel état solidement gardé par une compagnie avec F.M., mitrailleuses et même mortier de 81 en batterie.
C’est dans cette chaude ambiance remplie de spontanéité que pour la première fois on nous traita de camarades et que ‘l’on nous dit la possibilité en évoluant politiquement, d’une libération anticipée sous conditions.
Mais nous n’étions pas encore mûrs et ils n’eurent aucun résultat.
La vie repris mais nous nous affaiblissions un peu plus tous les jours, la maladie faisait des ravages de plus en plus. Le nombre des malades était impressionnant et les valides étaient squelettiques, moralement nous étions très bas et nous nous rendions compte que dans un délai plus ou moins long nous finirions tous par trépasser.
Physiquement et moralement nous étions très bas, sans aucune nouvelle de l’extérieur, continuellement rabaissés par les Viets, subissant des vexations continuelles.
Enfin un jour le Commissaire politique revint, c’était près d’un an après notre capture. Il recommença son baratin, nous demanda de signer un manifeste sur la Corée, mon Dieu ce n’était pas très important, d’un commun accord tout le monde signa, on nous parla alors de libération. Nous ne savions pas que le doigt était pris dans l’engrenage et qu’il serait très difficile de ne pas y passer tout entier.
Ce que nous avions gagné ce fût tout de même une amélioration matérielle. Mais ce fût pour nous et jusqu’à la fin de notre séjour la période politique qui s’ouvrait.
Ce fût tous les jours des séances dites d’informations de plusieurs heures que nous devions subir. Je me rappelle du titre d’une de ces toutes premières séances : « le soldat français à la croisée des chemins ». Elle eut lieu l’après-midi et dura 3 heures. Trois heures d’inepties, d’idées fausses où nous étions bafoués, où la France n’avait jamais rien fait de bien dans ces colonies.
A l’issue de la séance, le Chef de camp, car c’était lui ou son adjoint qui présidait ce genre de séance, tous leurs cadres parlaient Français étant tous de culture Française, élevés dans les Lycées et universités de Saigon, Hanoï voire même Paris ou Bordeaux.
Le Chef de camp, dis-je, nous posa par écrit, car pour la circonstance on nous donna papier et crayon, des questions auxquelles il fallait répondre par écrit pour le lendemain après en avoir discuté dans les chambres et par groupe le soir.
Le soir, la discussion eut lieu et fût même animée et nous répondîmes aux questions en dénonçant les erreurs. Qu’avions nous fait là !
Le lendemain, le Chef de camps nous traita plus bas que terre et nous dit que nous n’avions rien compris et que surtout nous ne savions pas discuter Alors il reprit pendant 3 ou 4 heures la même séance que la veille et posa les mêmes questions.
Nous en rediscutâmes mais nous répondîmes cette fois avec plus de diplomatie en étant d’accord sur certains points mais cependant… toutefois… etc, etc.
Le Chef de camp ouvrit alors la séance le sourire aux lèvres, était-il vrai ou faux ? Ces gens-là sourient tout le temps mais ne rient jamais.
Il nous félicita d’avoir mieux discuté puisque sur certains points nous étions d’accord avec lui-même, et puis ce fût une semonce terrible avec un air méchant et cruel qui celui-là était bien vrai.
Nous ne savions quand même pas bien discuter puisque nous avions encore énormément d’idées erronées.
Et pour la 3e fois la séance porta sur le même sujet que la veille et l’avant-veille, suivi des mêmes questions.
Ce soir-là, il n’y eu pas de discussions dans les chambres et nous tombions d’accord sur tous les points avec leur baratin. Nous avions appris que la discussion était impossible en pays communiste.
Nous eûmes cependant de longues théories sur la manière de mener une discussion, je dirais plus exactement de diriger car sous ce régime de liberté tout est dirigé.
C’est tout de même un art que je ne soupçonnais pas et qui est minutieusement défini.
Nous reçûmes alors des brochures tracts de propagande de toutes les démocraties populaires : URSS, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Pologne, Chine.
Toutes exactement emploient jusqu’au même vocabulaire, toutes à la gloire du régime. Nous eûmes aussi 4 ou 5 romans russes et nous pûmes apprécier la littérature et la poésie dirigées.
Pendant un an tous les poètes et écrivaines Russes ne glorifient que l’excavateur à patins, une merveille de l’industrie lourde mis au service du chantier Don-Volga ou d’un autre.
Nous avions aussi la chance de recevoir des journaux Français, l’Humanité et Lettres Françaises vieux de 5 ou 6 mois minimum.
Les Viets peu à peu organisèrent la vie au camp sur le modèle d’une petite République Populaire Démocratique, bien entendu à leurs ordres.
Ils faisaient leur petit Moscou. Il fallut procéder à l’élection d’un Comité politique dit de « Paix et de rapatriement ». Les candidats furent élus à l’unanimité grâce au petit travail d’explication auquel le Commissaire politique s’était livré.
On nous faisait toujours miroiter une libération, si nous la méritions, pour cela il fallait évoluer, c’est-à-dire être bon élève en politique, au travail, etc, etc.
Il y eu des périodes d’émulation pour le travail avec l’élection du meilleur Stakhanoviste, suivie de l’émulation pour l’hygiène, on nous a appris à nous tenir propre sans savon ni brosse à dent ni rasoir, bref, une période d’émulation en suivait une autre, j’oubliais l’émulation politique.
Avec cela nous n’avions pas une seconde de tranquillité la période d’émulation s’ouvrait et se clôturait par un meeting, banderoles slogan affichés ou criés avec enthousiasme. Je m’en rappelle un au sujet de l’hygiène :
Une voix : – A chaque mouche
Le chœur des assistants : -La mort vous touche !
Des portraits étaient affichés, ceux des grands hommes de ce monde : Staline, Mao Tsé Toung, Ho Chi Minh.
Il y avait des discours entrecoupés de chants et d’applaudissements spontanés sur ordre du surveillant général.
Une tribune libre à laquelle pouvaient prendre la parole les PG évolués après avoir soumis un jour à l’avance leur speech à la censure Viet.
Il y eu alors dans le camp une maladie qui se mit à sévir : la libérite. Certains d’entre nous n’en pouvant plus se mirent à jouer le jeu c’est-à-dire à publier des écrits dans des journaux muraux, à prendre la parole aux tribunes libres.
Alors ils étaient classés comme évolués et se voyaient confier les postes de chef de groupe.
Le camp dans son ensemble jouait ou arrivait à jouer plus ou moins bien le jeu lorsque naquit l’ère de la critique et autocritique.
C’est une arme terrible dans les mains de celui qui détient l’autorité. En effet il est dit dans le préambule que la critique doit toujours être faite dans un but constructif et sans animosité.
Que le critiqué doit accepter la critique amicalement et en tire profit pour se corriger et se perfectionner. Il doit alors procéder à son autocritique, c’est-à-dire reconnaître publiquement ses erreurs et promettre de s’amender et se corrigeant et en suivant les conseils qui viennent de lui être donnés.
Donc avec ce système si quelqu’un vous critique, et généralement ce quelqu’un est très bien en cours auprès du pouvoir dirigeant, il ne vous reste plus qu’à accepter la critique et à faire votre autocritique si vous ne voulez pas passer pour une vipère lubrique, réactionnaire qui ne veut accepter aucun conseils amicaux et constructifs ayant pour but de vous aider à évoluer dans le bon sens.
Donc si vous vous autocritiquez en reconnaissant les faits qui vous sont reprochés (faits qui peuvent très bien être inexacts) et en promettant de vous corriger, dès cet instant vous êtes pris, vous avez avoué, c’est noté et bien noté.
Et pourtant une autre solution eut été pire tout au moins dans l’immédiat.
C’est ainsi que des camarades qui s’étaient mis en vedette dans l’espoir d’une libération furent amenés à formuler des critiques vis-à-vis des divers éléments de leur groupe, puis peu à peu pris dans cette machine infernale, furent amenés à faire quelques malpropreté pour, à de rares exceptions, être libérés par anticipation.
En quatre ans les discours politiques que nous dûmes ingurgiter changèrent souvent de ton, arrivant jusqu’à se contredire, du moins le semblait-il à nos yeux de Capitalistes Impérialistes car en réalité il en est tout autrement pour le parfait marxiste.
Il faut avoir recours pour cela à la dialectique et à la théorie de l’évolution.
Je dis blanc aujourd’hui et noir demain, mais je n’ai jamais menti ni même pour être moins entier travesti la vérité, tout cela est fonction des circonstances, du temps et du lieu.
Pendant cette longue période ce fut pour notre camp le régime de la douche Ecossaise.
Un beau jour nous étions jugés comme évolués et aptes à être libérés, nous entrevoyons alors la possibilité de fuir cet enfer et retrouver la liberté mais le lendemain nous n’étions plus que des mercenaires réactionnaires et tortionnaires à la solde des capitalistes impérialistes.
S’évader était une aventure quasi impossible qui fut tentée plusieurs fois et a toujours échoué.
Un chef de camp un peu intelligent nous dit un jour « ici dans ce camp, dans cette région, vous n’êtes pas prisonnier des sentinelles mais de votre peau. »
C’était exact, nous devions rester là et jusqu’à quand ?
Peu avant l’armistice, un Commissaire politique nous avait prévenus : « même s’il y a un armistice, nous ne sommes nullement obligés de vous rendre.
Nous ne vous rendrons que lorsque vous serez évolués et nous ne sommes pas pressés, nous y mettrons 5 ans, 10, 20 s’il le faut », douce perspective d’autant que pour ma part je n’ai jamais pu arriver à savoir quand on était classé “évolué” et ce qu’il fallait faire exactement pour en arriver à ce stade.
C’est aussi avec une joie immense que le 2 Septembre 1954, nous retrouvions la liberté lorsque nous mîmes le pied sur les bateaux battant pavillon français, venus nous chercher à Vietry.
Aussi après ces 4 longues années, on ne peut nous demander d’aimer ce peuple ou plus exactement les ressortissants de ce régime.
Aussi est-il pénible de voir qu’à Bordeaux salle de l’Aiglon, place Puy Pollin pour la fête du Têt tous les vietnamiens de Bordeaux étaient réunis autour des portraits d’Ho Chi Minh et du drapeau rouge à étoile jaune et que debout l’assemblée chantait l’Internationale, suivie de discours extrêmement tendancieux.
Vraiment la France est le Pays de la Liberté.
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