Conclusion

Quels furent les effets et les conséquences du lavage de cerveau ? Le Viet-Minh eut-il réellement une volonté d’extermination à l’image des nazis : les similitudes sont troublantes et accablantes. Quelles furent les séquelles psychologiques et physiologiques sur les rescapés ? Quels enseignements en tirèrent les deux partis ?

D’abord apparaît la similitude des méthodes appliquées dans l’espace et le temps, ce qui montre l’extraordinaire emprise du PCI et partant du Dich-Van, qui manipulèrent les can-bôs comme de simples pions, des perroquets. Ils mirent en œuvre ces procédés iniques, insensibles aux souffrances qu’elles engendraient, avec « la cruauté nécessaire de la Révolution » si chère à Aragon. Imbus de leur racisme anti-blanc et de leur idéologie, ils agirent à l’image des nazis convaincus de la supériorité de la race aryenne. Les méthodes des systèmes totalitaires sont identiques.

L’extermination fut-elle systématique ? Elle ne semble pas avoir fait partie des objectifs du PCI (parti communiste indochinois). Elle résulta des carences engendrées par le « centralisme démocratique », incapable d’apporter une solution rapide et concrète aux problèmes posés par les succès de l’Armée du Viet-Minh. Celui-ci laissa donc mourir les prisonniers dans la plus grande indifférence, parfois même avec jubilation

De son côté, la France ne s’étant jamais résignée à déclarer l’état de guerre ne put nous faire profiter de la Croix Rouge ni des Conventions de Genève.

Le bilan fut accablant : deux sur trois disparurent. Peut-être ne furent-ils pas sciemment maltraités, mais le minimum nécessaire à leur survie ne leur fut pas assuré. C’est un constat par défaut : là réside le crime contre l’humanité.

Il est identique à celui perpétré dans les camps de déportations nazis, la comparaison est évidente à la différence près que, dans les camps viets, la mortalité fut plus importante.

Qu’ils soient fascistes ou marxistes, les régimes totalitaires engendrent les même maux : l’asservissement, la sous-alimentation et la paupérisation des masses. Mais, chez les Viets,à la torture physique s’ajouta la torture morale, ce qui détruisit non seulement les corps mais aussi les âmes.

Les conséquences physiologiques et psychologiques furent immenses. Si le lavage de cerveau contribua à faire mourir le plus grand nombre, il laissa chez les rescapés de profonds traumatismes psychiques durables, inconnus jusqu’alors.

Le Service de Santé, le Commandement et le Pouvoir politique mirent des années à prendre conscience des séquelles engendrées par ces blessures.

Par la suite, des enseignements furent tirés, chez les Viets avec promptitude, chez nous avec retard.
Les premiers améliorèrent sans cesse leurs méthodes cyniques, aussi bien à l’égard des prisonniers américains que, après la chute de Saïgon, auprès de leurs compatriotes, les militaires sud-vietnamiens.

Pour sa part, l’Armée française élabora une théorie de la guerre révolutionnaire et y chercha des parades. Elle créa les cinquièmes bureaux chargés de la guerre psychologique et subversive, où œuvrèrent notamment d’anciens thu-binh.

Les rescapés furent vaccinés à tout jamais contre le marxisme si dédaigneux de l’individu, dont était foulée au pied la dignité.

«  Lavés, ceux qui sont revenus ont gardé une horreur viscérale du communisme, qui demeure immuable et manie à merveille la peur, l’espoir, la naïveté, la délation, la lassitude et l’ambition  » (J.J.Beucler) exploitant chez l’homme ce qu’il a de plus mauvais. Il a endeuillé et pollué tout le XX° siècle.

Note : L’auteur de ces lignes a vécu lui-même tous les évènements qu’il a décrits au Tonkin, aussi bien dans les prisons du Yên Té, de Tha Nguyen et de Tuyen Quang que dans les camps N° 15, 113 et 25, en 1951 et 1952, en tant que témoin, acteur et victime.

Retour en haut