60e anniversaire

Allocution de M. HAMLAOUI MEKACHERA, MINISTRE DÉLÉGUÉ AUX ANCIENS COMBATTANTS, prononcée le 9 mars 2005 devant la plaque de « Citadelles et Maquis d’Indochine 1939/1945 », au Jardin des Tuileries à Paris.

Voici 60 ans, jour pour jour, le 9 mars 1945, en Indochine, se commettaient des crimes sans nom.
L’attaque surprise des forces de l’Empire japonais contre les forces françaises, ce « coup de force» dont nous nous souvenons aujourd’hui, fut, en effet, d’une brutalité inoubliable et d’une cruauté indescriptible.

Ecoutons, en cet instant, les mots du Général de GAULLE. Ils donnent leur juste valeur à la douloureuse page d’histoire qui nous rassemble ce matin:« les combats succédant soudain à une période prolongée de doutes, de chagrins, d’humiliations, s’étaient déroulés dans les plus amères conditions: surprise, isolement, manque de moyens, impression que Dieu est trop haut et que la France est trop loin. Dans le capital moral d’un peuple, rien ne se perd des peines des soldats».

Aujourd’hui, au nom du Gouvernement de la République, je rends l’hommage qui leur est dû à tous nos combattants, à leur courage, à leur sens élevé de l’honneur, au patriotisme indéfectible dont ils firent preuve dans ces circonstances tragiques.

La France n’a pas oublié, la France n’oublie aucun des siens, militaires, Français libres et Résistants, civils, femmes et enfants, qui affrontèrent l’horreur de la guerre mondiale, si loin de la Métropole.

Entré dans l’Histoire, le capitaine Jean d’HERS, fait Compagnon de la libération par le Général de GAULLE; entrés dans l’Histoire, Edmond GRETHEN, inhumé au Mémorial de la France combattante, au Mont Valérien, le Général LEMONNIER, honoré par une rue en ce lieu si prestigieux, les généraux SABATIER et ALESSANDRI, avec René NICOLAU, le lieutenant-colonel LECOQ et tant d’autres qui mériteraient d’être cités, entrées dans l’Histoire, ces figures emblématiques nous invitent à nous souvenir de tous leurs frères d’armes qui allèrent jusqu’au sacrifice suprême en ce printemps de 1945.
Assiégés, trompés, submergés par un adversaire maintes fois supérieur en nombre, tous firent preuve d’une résistance héroïque. Dans ces mois tragiques et dans la longue

épreuve qui suivit, nos compatriotes portèrent haut les valeurs de bravoure et de dignité. Ils portèrent haut l’image de la France et des Français.

Combattus sur tous les fronts de cet espace immense, ils firent preuve d’audace dans la lutte armée et d’un courage inouï dans l’adversité.

Arrêtés, internés, soumis aux pires tortures, à des traitements dégradants et inhumains, martyrisés dans des camps et lieux de sinistre mémoire, ils ne cessèrent d’être fidèles à la France.
La France qui se souvient aujourd’hui de chacun d’entre eux.

La France qui se souvient que les Indochinois partagèrent, avec une fidélité et une loyauté remarquable, ce sort cruel.

La France qui se souviendra, dans quelques mois, de ces hommes qui prirent toute leur part à la Victoire. Le 2 septembre, à Fréjus, le dévoilement d’une plaque à leur mémoire permettra de renouveler l’expression de notre reconnaissance.

Aux acteurs et aux témoins de ces événements, dramatiques et héroïques, à leurs descendants et à leurs proches, à leurs familles, aux associations et à tous ceux qui gardent leur mémoire, j’exprime mon respect et celui de la Nation.

60 ans ont passé. La carte et les données géopolitiques de cette région ont été complètement bouleversées, au prix, souvent, de nouvelles souffrances.

60 ans ont passé. Les ennemis d’hier sont devenus alliés, partenaires, amis. Ils partagent et défendent les mêmes valeurs de démocratie, du combat pour la liberté et pour
les droits de l’homme. ‘

Construire ensemble et proposer aux générations futures un avenir qui conjugue durablement paix, respect du droit et liberté, c’est le plus beau des hommages que nous puissions rendre à ceux qui ont tout donné pour que la France soit à la table des vainqueurs, pour que la France demeure une puissance souveraine et respectée.

Oui, les combattants ont bien mérité de la Patrie.

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