Les prisonniers militaires – Libération avant le 15 juillet 1954
Les circonstances :
Il convient de placer dans ce cadre les évacuations de grands blessés pour lesquelles la croix rouge est intervenue bien que le viêt-minh ne reconnaisse pas la Convention de GENEVE grâce au Professeur HUARD, Président de la croix rouge en Indochine qui fit jouer ses relations avec des cadres viêts.
Fin octobre 1950 200 blessés des combats de la R.C.4 furent rendus dans le secteur de That-Khé.
Le 23 septembre 1950, 25 blessés ont été échangés en Annam contre un nombre de blessés viêts très supérieur.
Le 12 février 1951 , 46 blessés furent échangés à Tuyen-Quang également contre un nombre important de blessés viêts.
A DIEN-BIEN-PHU 872 grands blessés furent évacués par air après les combats.
Les nombres de libérés pendant cette periode sont les suivants (d’après la thèse soutenue par Robert BONNAFOUS) :
1947/1948 26 1949 22 1950 379 1951 1049 dont le convoi « Henri Martin » les 11 et 12 juillet, et le convoi « Figuéres » du 12 septembre. 1952 1310 dont 5 officiers le 6 octobre 1953 777 1954 872 grands blessés de DIEN-BIEN-PHU en mai et juin 1954 Le nombre des libérés avant le 15/07/54 serait donc de 4435.
L’organisation viêt-minh était la maîtresse du choix des libérés. Elle tenait au principe que les prisonniers rendus devaient être physiquement présentables pour éviter un discrédit flagrant relatif au traitement des captifs, tant pis pour les cadavres ambulants peuplant les camps.
Quelques interventions d’élus de la métropole, de toutes tendances, auprès de leurs collègues communistes furent suivies d’effets. Une ancienne appartenance aux F.T.P.F. a pu jouer pour certains gradés. Le Professeur HUARD serait intervenu pour quelques cas isolés.
Les libérations se faisaient généralement dans quelques secteurs de la périphérie du delta tonkinois (c’est au Tonkin qu’étaient la majorité des camps). Les lieux les plus souvent cités sont Dong-Trieu, Viétri et Nam-Dinh.
Les groupes de libérés préalablement dotés de tenue de l’armée viêt ou de cu-nao (habillement des paysans) sont abandonnés à proximité de postes français qu’ils doivent rejoindre en se faisant reconnaître. Ils sont surveillés de loin par les commissaires politiques afin qu’ils évitent des “effusions avec les colonialistes”. Ils ont été pourvus de tracts que leur état de démocrates et combattants de la paix entraîne l’obligation de diffusion de façon ostensible. Les viêts profitent parfois de l’occasion pour tendre des embuscades aux véhicules venant chercher les libérés.
L’accueil des libérés :
Les chefs de postes accueillent les arrivants méfiance car ils peuvent être des déserteurs chargés de faire tomber le poste et ils rendent compte à leur autorité. Le bruit courait dans le corps expéditionnaire que les viêts massacraient les prisonniers (bruit utile pour maintenir la combativité, tout doit être fait pour éviter de tomber dans les mains de l’adversaire). Les libérés, placés en un endroit où ils sont surveillés pour déceler tout geste hostile reçoivent néanmoins nourriture et soins. Parfois un arrivant est reconnu par un occupant du poste et dans ce cas il a droit à une réception amicale mais discrète.
Le commandement donna des directives précises pour éviter les contacts avec les libérés. Ils sont donc transférés au sous-secteur et au secteur avant d’être envoyés vers les hôpitaux. Après la remise en condition vient la période des interrogatoires destinés à repérer les individus douteux pouvant porter préjudice au corps expéditionnaire. Les conditions de capture sont vérifiées par confrontation des interrogatoires et des comptes rendus des actions militaires du moment. Les interrogatoires portent sur les conditions de détention et l’identification de ceux restés en captivité et sur les emplacements des camps, ils concernent rarement la recherche de renseignements sur le potentiel de l’ennemi.
L’isolement se relâche pour les libérés ayant donné satisfaction aux interrogatoires et ils ont droit, en général, à un séjour dans un centre dit de repos où ils se remettent en condition physique. Néanmoins une surveillance est maintenue jusqu’au moment du départ vers la métropole ou les pays d’origine.
Si le service de santé a accordé avec dévouement des soins aux libérés, l’action des services sociaux ne peut être cernée et évaluée, même dans les centres de repos, et celle de la croix rouge est en fait concrétisée par l’envoi des informations aux familles des libérés.
Les évadés des camps de prisonniers étaient soumis pratiquement aux mêmes conditions que les prisonniers rendus.
Il convient de signaler que des légionnaires originaires des pays soumis à la tutelle de l’Union Soviètique furent rapatriés de gré ou de force par la voie dite démocratique et ils subirent presque tous à leur arrivée dans leur pays d’origine jugement et emprisonnement. Certains réussirent à se soustraire à une nouvelle captivité accompagnée de rééducation et à rejoindre la Légion. Quelques uns d’entre eux se retrouvèrent à Dien-Bien-Phu et soumis au plus grand danger d’être reconnus et exécutés malgré un changement de nom.
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