Le colonel Bernard Grué, défenseur héroïque de Dong Khé, n’est plus…

Bernard Grué nous a quittés le 11 juillet 2025. Rescapé des violents combats de la RC4 et des camps de rééducation du Viêt-minh, il fut aussi un grand serviteur de l’état, notamment dans le renseignement au sein du SDECE. Retour sur un parcours exceptionnel…

Bernard Grué est né le 24 décembre 1924 à Bordeaux. Le 28 novembre 1945, il décide de s’engager au titre de l’Ecole Spéciale Militaire de St Cyr. Conformément aux pratiques de l’époque, il effectue préalablement un stage en corps de troupe comme sous-officier.

Le 16 janvier 1947, le sergent Grué rejoint enfin Coëtquidan et est admis à l’Ecole Spéciale Militaire Interarmes.

1947, Bernard Grué est admis à l’Ecole Spéciale Militaire Interarmes (ESMIA)

Ayant choisi l’infanterie à l’issue de sa formation, il rejoint la Légion étrangère et Sidi Bel Abbés le 20 novembre 1948. Le 22 mai 1949, il embarque sur le Pasteur à destination de l’Extrême-Orient. Débarqué à Saïgon le 7 juin, il est affecté au 3ème régiment étranger.

Il prend alors le commandement du poste 41, situé sur la RC4. A Dong Khé, du 16 au 18 octobre, le lieutenant Grué défend avec acharnement son point d’appui face à un ennemi très supérieur en nombre. Alors que celui-ci a pris pied dans la citadelle de Dong Khé, il parvient à le mettre en déroute en servant lui-même un canon de 57.

Le 18 au matin, après deux jours de résistance héroïque, sur sa position encerclée et écrasée par l’artillerie, le lieutenant Grué est une nouvelle fois blessé. Inconscient parmi ses légionnaires morts et blessés, il est alors capturé par le Viêt-minh.

Suivent 4 années de captivité et de rééducation au camp n°1 dont il fait le récit dans son livre « l’espoir meurt en dernier », un récit sans haine, teinté d’humour et d’un incroyable optimisme. Libéré le 28 août 1954, il est rapatrié vers la France et débarque à Marseille le 4 octobre 1954.

Bénéficiant d’un congés de fin de campagne et de convalescence jusqu’à la fin mars 1955, il est alors affecté en novembre à l’état-major des forces armées à Paris. Diplômé des langues orientales en Persan, puis breveté de l’enseignement militaire supérieur, le capitane Grué part pour l’Algérie d’où il revient pour intégrer le centre militaire d’études slaves. Par la suite, il rejoint Théhéran où il suit les cours de l’école de guerre iranienne.

Après avoir été attaché militaire adjoint à Moscou de 1968 à 1971, il prend ensuite le commandement du 46ème régiment d’infanterie à Berlin de 1972 à 1974, puis à son retour en France, la direction du renseignement au sein du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE).
En 1978, il quitte l’armée avec le grade de colonel.

Il effectue par la suite une seconde carrière dans un grand groupe pharmaceutique.

Le 30 avril 2024, à l’occasion de la cérémonie de Camerone à Aubagne, le colonel Grué est désigné pour porter la main du capitaine Danjou, ultime reconnaissance accordée à un grand soldat ayant servi à la Légion étrangère.

Le 30 avril 2024, le colonel Bernard Grué porte la main du capitaine Danjou

Le colonel Grué s’est éteint à l’âge de 100 ans à l’Institution Nationale des Invalides où il était pensionnaire depuis 2017.

La Légion étrangère a perdu l’un de ses héros d’Indochine … et la France un de ses grands soldats.

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