Aimé a connu une jeunesse très difficile puisqu’il a été élevé seul par sa mère et qu’il a travaillé très jeune comme garçon de ferme.
Entré très jeune dans la Résistance dans la Sarthe, il participe dans les rangs des FFI à la libération de la région du Mans.
Pour échapper à la misère, il s’engage en 1947 et est affecté au Maroc au sein des tirailleurs marocains.
Volontaire pour combattre en Indochine, à son arrivée il est immédiatement versé au Bataillon de Marche du 8eme Régiment de Tirailleurs Marocains du Commandant Arnault stationné à Cao Bang. Il effectue tout son séjour comme caporal pointeur mortier sur la RC4 déjà surnommée la route de la mort…Il connait son baptême du feu précisément sur la RC4 lors d’une ouverture de route.
En octobre 1950, lors des grands combats de la RC4 où l’Armée française a perdu 5000 hommes en une semaine, il fait partie de la colonne Lepage. Après s’être battu sur les crêtes du Nga N’gaum et du Na Kéo, son bataillon en fin de séjour est totalement anéanti dans les gorges de Coc Xa. Sur les 450 hommes du BM/8emeRTM, il n’y aura que 7 survivants dont Aimé qui, pour échapper aux viets, marchera 3 jours et 3 nuits au milieu des groupes ennemis comme une bête traquée, sans manger et sans boire avant d’être récupéré 20 kilomètres plus au sud, vers That Khé, par une patrouille du 3eme Régiment Etranger d’Infanterie (qui tient tous les postes entre That Khé et Langson).
Son séjour de deux ans n’étant pas terminé, il est affecté dans un poste en Annam où jamais personne ne lui demandera ce qui s’était passé sur la RC4…
A son retour en métropole, il travaille comme tourneur-fraiseur à l’usine mais devant l’hostilité permanente et quotidienne de la CGT et du PCF à l’endroit des combattants d’Indochine, il rengage dans les paras colos.
Breveté au camp de Meucon dans le Morbihan, il est à nouveau volontaire pour servir en Extrême-Orient et est affecté au 8eme Bataillon de Parachutistes de Choc du Commandant Tourret qu’il rejoint à Dien Bien Phu en décembre 1953. Affecté à la compagnie du capitaine Jacky Bailly, il participe à toutes les sorties, reconnaissances offensives autour de la vallée de Dien Bien Phu où les accrochages dans un relief très difficile et recouvert d’une jungle épaisse sont quasi quotidiens.
Après le déclenchement de la bataille, il participe le 28 mars à la destruction des canons de DCA à l’Ouest de la vallée et lors de la bataille des 5 collines, il monte en renfort sur Eliane 2 dès la première nuit de l’offensive (nuit du 31 mars.).
Il est alors marqué par l’intensité extrême des combats sur cette colline et par le fait que pour rejoindre ses emplacements de combat, les gars du « 8 » sont obligés de marcher sur les morts quasiment tous les mètres et même sur les blessés qui agonisent couchés sur les tués et qui ne peuvent être soignés lors d’une offensive de nuit.
Il est de tous les combats jusqu’au 7 mai avant de prendre les pistes de la captivité (53 nuits de marche dont 50 sous la pluie !) qui l’a mené au camp 70.
Fidèle d’entre tous les fidèles, discret, Aimé a été durant près de 40 ans le porte-drapeau officiel et d’un dévouement sans borne au service de l’Association des Anciens Combattants de Dien Bien Phu à la demande des officiers, lui qui n’était qu’un petit caporal-chef.
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